Pratique de la mesure in vivo en France – Résultats du sondage

Vous aviez peut être répondu, par l’intermédiaire de ce blog, au sondage réalisé l’année dernière par Mme Capucine MARMORAT qui faisait alors une collecte d’informations sur la pratique de la mesure in vivo en France dans le cadre de son mémoire de D.E. d’audioprothèse.

Certains d’entre-vous ont également répondu à un questionnaire plus poussé, et peut être aussi demandé à leurs patients leur ressenti sur la pratique de la MIV par leur audioprothésiste.

Je voulais donc revenir, avec Mme MARMORAT, sur les résultats de son mémoire sous la forme d’un « mini-débat ».

Vous pouvez si vous le souhaitez télécharger son travail très instructif.

« Entrevue » :

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Ces pannes difficiles à détecter

Autant un écouteur vieillissant, un circuit défaillant, un bruit de fond quelconque sont faciles à détecter (BDF, distorsion harmonique ou d’intermodulation, etc.), autant la panne d’un microphone arrière est assez délicate à percevoir.

C’est pourtant une panne très handicapante pour le patient, car il n’y a plus de directivité dans le bruit, voire un déséquilibre D/G lorsque les appareils sont censés communiquer.

L’écoute de l’appareil ne donnera rien, et un test de directionalité au caisson n’est pas facile à mener : il faut avoir un caisson dédié, et le plus souvent, forcer l’appareil en directionnel par logiciel de programmation. Bref, il faut vraiment en vouloir…

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100 ans de progrès. Ou presque…

A ma gauche, papy, en pure galalithe, rétractable en 3 parties, garanti 100% analogique. Période environ début XXème :

A ma gauche, papy, en pure galalithe, rétractable en 3 parties, garanti 100% analogique. Période environ début XXème :

cornet

On peut estimer qu’à l’époque (autour de la 1ère guerre mondiale), ce cornet était vendu autour de 20 francs (anciens francs donc), ce qui donne aujourd’hui un prix équivalent de 60 à 70€.

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FRAMATRIX… RE-LOADED*

*elle est nulle celle là, j’en suis conscient !

*elle est nulle celle là, j’en suis conscient !

Le test FRAMATRIX, ou FRench MATRIX test est un test d’intelligibilité clinique, dans le bruit. Il est « clinique », car il n’est pas « drôle », c’est à dire qu’il doit être administré de manière stricte, que le bruit masquant correspond au spectre à long terme des phrases, que sa calibration doit faire l’objet d’une procédure de calibration approuvée par l’institut Hörtech, etc.

Le FRAMATRIX n’est pas un test dans le bruit censé placer le patient dans de multiples situations sonores proches de la vie réelle. Il comptabilise et compare les performances du sujet testé, éventuellement en fonction de moyennes européennes, mais surtout en fonction des performances de traitement du signal de son appareillage auditif.

Donc si avec tout ça vous avez encore envie d’administrer ce test, ces lignes peuvent vous intéresser. Le FRAMATRIX peut être considéré, blague à part, comme « re-loaded » car il est sorti assez récemment de sa version pure laboratoire. Il a été repensé pour être administré de façon plus conviviale, et sa passation est quasi-automatisée bien que tout soit très paramétrable.

Matériel vocal

Il s’agit de listes de phrases, que vous pouvez configurer par 10 ou 20 phrases (recommandé). Contrairement au HINT ou la phrase est juste ou fausse dans son ensemble, le FRAMATRIX compte chaque mot juste dans chaque phrase :

framatrix-deroul

On a donc un test qui va comptabiliser 5 mots dans chacune des 20 phrases = 100 items, ce qui est très robuste statistiquement pour un test en une passe.

Il est également possible de tester en 10 phrases, bien que ce ne soit pas la procédure recommandée. La structure des phrases est toujours de type Prénom/Verbe/Nombre/Complément/Couleur.

Les phrases peuvent être « fermées », c’est à dire toujours identiques d’une session à l’autre, ou bien construites de manière aléatoire.

Configuration

Tout est paramétrable :

  • angles du bruit (bruit vocal stationnaire) et de la voix
  • Adaptativité du niveau des phrases ou du bruit
  • Rapport signal/bruit progressif croissant ou décroissant
  • Recherche automatique du SRT (50% d’intelligibilité)

framatrix-select

Vous pouvez créer, en plus des tests existants, vos propres tests pour les retrouver ensuite das votre liste de tests les plus courants (ici, les deux derniers ont été créés).

Entraînement et durée du test

Il est vivement conseillé de procéder à (au moins) une liste complète d’entraînement avant de comptabiliser réellement la performance. Ici, la première liste administrée au patient : le RSB nécessaire à 50% était médiocre au départ (entre 0 et 5dB), pour diminuer progressivement au cours du test. Le SRT est obtenu pour cette liste à un RSB moyen de -5,9dB, ce qui est très bon :

framatrix-l1

La deuxième liste :

framatrix-l2

On voit que le patient, avec entraînement, améliore encore son score : il passe à un SRT à -7,5dB de RSB… les aides auditives fonctionnent quand même bien aujourd’hui !

Vous remarquerez la variabilité des réponses en début de test, effet de surprise qui s’estompe après quelques phrases.

La synthèse :

framatrix-l3

Configuration des niveaux d’émission et de variation du RSB

  • paramétrage du type de signal fixé et variable : choix du bruit ou des phrases
  • paramétrage du niveau de départ et du RSB de départ : ici la voix est fixée à 68dB SPL, et le RSB de départ est de 0dB
  • test dans le bruit ou sans le bruit
  • recherche de pente de courbe psychomotrice
  • etc.

Recherche de SRT automatique

A mon humble avis, c’est la fonction la plus intéressante du test : si le patient répète plus de 2 mots justes, le RSB se dégrade de moins de 5dB; s’il ne répète rien, il s’améliore, et tout ceci en permanence. On obtient donc en permanence une fluctuation du RSB autour de 50% d’intelligibilité. Au final, le logiciel calcule automatiquement le SRT (Speech Reception Threshold = 50% d’intelligibilité) à un RSB moyen calculé lui aussi.

Durée

Une liste d’entraînement puis une liste de comptage durent au total 4min 57s… Si vous effectuez une liste d’entraînement + 1 liste en programme automatique et enfin 1 liste en programme dédié bruit, la durée est d’environ 8min. Ca reste très raisonnable, mais fatiguant sur 3 listes. Sachez quand même que l’idéal se situe à trois listes.

 Consignes et public visé

  • Les consignes doivent être explicites : le patient doit savoir à quoi s’attendre, autant sur le plan syntaxique (« Sophie attrape deux vélos bleus ») que sur le plan de la difficulté du test, qui ne sera jamais facile (si recherche du SRT). Il faut bien l’expliquer au patient avant de débuter, sous peine de très rapidement se retrouver face à une sensation d’échec bloquant.
  • Tous les patients, a priori, s’ils peuvent maintenir une attention soutenue de 5 à 8′, sont testables, à condition aussi que leur appareillage ou leur surdité permettent une amélioration de l’intelligibilité dans le bruit
  • Le vocabulaire très simple des phrases en fait un test administrable aux enfants

Comparaison par rapport à la normale statistique

Hörtech fournit une courbe psychomotrice normale des résultats au FRAMATRIX. Le SRT est atteint à -6dB de RSB (ici en rouge, une recherche de SRT avec pente de courbe psychomotrice) :

psychomotrice-framatrix

Attention cependant : cette courbe normale n’est fournie par Hörtech que pour la situation « Phrases + Bruit de face ». Il est tout à fait possible (plus logique ?) d’administrer le test avec phrases en face et bruit arrière, mais dans ce cas, Hörtech se refuse à fournir une courbe d’intelligibilité moyenne, car la diversité des locaux de test est alors trop importante pour obtenir une moyenne raisonnable. Rigueur germanique…

Installation(s)

  • Le test est proposé à l’achat (ce n’est pas un abonnement)
  • Une calibration du champ libre, du casque et des inserts (possibilité de le faire autrement qu’en champ libre) est OBLIGATOIRE et exigée par HörTech afin de garder un agrément « clinique »
  • S’installe en module complémentaire pour les possesseurs d’Affinity
  • Peut s’installer en module StandAlone sous Windows pour ceux qui n’ont pas Affinity
  • Distribution : Interacoustics France

Voilà, je pense qu’un test dans le bruit de plus, robuste et clinique, et en français, n’est pas inutile. Il est très simple en usage quotidien et montre très rapidement les performances de tel ou tel programme ou réglage de réduction du bruit.

Je vous mets en lien la description du test. Je mettrai régulièrement à jour ce billet pour rajouter quelques unes des innombrables publications sur le sujet (le MATRIX Test existe dans une multitude de langues).

Petit rappel des règles du « jeu »…

Nul n’est censé ignorer la loi. Encore moins lorsque les lois qui régissent notre profession, comme d’autres professions para-médicales (j’insiste…) sont finalement peu nombreuses et très claires.

Nul n’est censé ignorer la loi. Encore moins lorsque les lois qui régissent notre profession, comme d’autres professions para-médicales (j’insiste…) sont finalement peu nombreuses et très claires.

Devant la multiplication « d’offres », « cadeaux », « le troisième à 1€ », « le second au prix du premier », etc, une caisse régionale à tenu à rappeler les textes de base , et ce que cela impliquait comme sanctions :

Je cite, sans plus de commentaires :

L’Assurance Maladie vous informe

Message de la Commission Paritaire Régionale des Audioprothésistes

Bonjour,

A la demande de la Commission Paritaire Régionale des Audioprothésistes, nous vous adressons, ci-dessous, une communication de son Président concernant les règles de publicité.

Pour toute information complémentaire, contactez le 0811 709 014

Avec toute notre attention,

Caisse Primaire d’Assurance Maladie du Calvados
_______________

Commission Paritaire Régionale des Audioprothésistes

Madame, Monsieur,

Devant la multiplication dans la profession de pratiques et de publicités non conformes au regard des dispositions de la convention, les caisses primaires en partenariat avec le Syndicat National des Audioprothésistes Français (UNSAF) ont décidé de rappeler les règles applicables en la matière.

Le rappel des règles :

Le Code de la Santé Publique qui régit la profession d’audioprothésiste détermine les conditions d’exercice et prohibe strictement certaines pratiques de vente :

Art. L. 4361-1. – Est considérée comme exerçant la profession d’audioprothésiste toute personne qui procède à l’appareillage des déficients de l’ouïe.

Cet appareillage comprend le choix, l’adaptation, la délivrance, le contrôle d’efficacité immédiate et permanente de la prothèse auditive et l’éducation prothétique du déficient de l’ouïe appareillé.

La délivrance de chaque appareil de prothèse auditive est soumise à la prescription médicale préalable et obligatoire du port d’un appareil, après examen otologique et audiométrique tonal et vocal.

Art. L. 4361-7. – La location, le colportage, les ventes itinérantes, les ventes dites de démonstrations, les ventes par démarchage et par correspondance des appareils de prothèse auditive sont interdits.

La Convention Nationale conclue entre les caisses d’assurances maladie et le Syndicat National des Audioprothésistes Français fixe en son article 3 les limites dans lesquelles la publicité peut être réalisée :

 » Les fournisseurs s’interdisent de faire pression sur les assurés au moyen de colportage, par des ventes itinérantes, des ventes dites de démonstration, des ventes par démarchage et par correspondance (Code de la Santé Publique), ainsi que par des procédés destinés à drainer la clientèle au moyen de dons de toute sorte, par des pressions auprès des organismes sociaux, ristournes aux praticiens sous quelque forme que ce soit, ou en se substituant aux médecins par la pratique illégale de l’audiométrie clinique, conformément à l’arrêté du 2 mai 1973 (J.O du 18-5-1973).

L’audioprothésiste a la faculté d’informer les assurés sociaux sur la nature de son activité ; cette information doit présenter un caractère général précisant essentiellement son lieu d’exercice et le type de matériel qu’il délivre « .

 

Sans que cette liste soit exhaustive, sont donc strictement interdits les procédés suivants :

 

*   Les propositions de bilan auditif : L’audioprothésiste ne peut en effet intervenir qu’en exécution d’une prescription médicale et un bilan auditif ne peut être réalisé que par un médecin. En effectuant un bilan auditif l’audioprothésiste se substitue au praticien et peut être poursuivi pour pratique illégale de la médecine.

*   Les essais et les prêts d’appareil sans prescription médicale préalable : La délivrance de chaque appareil de prothèse auditive est soumise à la prescription médicale préalable et obligatoire du port d’un appareil, après examen otologique et audiométrique tonal et vocal qui est de la seule compétence du médecin.

*   Les opérations de publipostage (par mailing) et les distributions de prospectus nominatifs ou non qui constituent un démarchage illicite dès qu’elles contiennent une incitation à se rendre sur les lieux de vente par la promesse d’un avantage quelconque (cadeau, gratuité, remise…)

*   L’affichage de tarifs non personnalisés par des sites Internet : ou sur tout autre support de communication (courriers, prospectus, flyers…) qui constituent des prix d’appels trompeurs et une forme de devis sans prescription et sans examen de la situation du patient.

*   L’annonce de manifestations de type  » journées d’information  » ou  » journées techniques  » qui constituent des ventes dites de démonstrations lorsqu’elles s’adressent à des prospects et ne sont pas préalablement autorisées par les autorités compétentes (ARS, CPAM…)

*   Les offres promotionnelles, qu’elles soient ponctuelles ou renouvelées : les annonces de remises (exemple :  » pour 1€ de plus  » ou  » x%  » ou  » accessoire offert « …) sont des  » dons de toutes sortes  » faisant pression sur les assurés.

Pour rappel, l’article 8 de la convention des Audioprothésistes stipule :  » En cas de non-respect par l’une des deux parties de ses engagements conventionnels, la commission paritaire régionale doit être réunie (…). La commission paritaire régionale, après audition de l’intéressé, émet un avis sur la décision à prendre à son encontre et qui peut-être selon la gravité de la faute :

– un avertissement ;
– une mise en demeure ;
– le retrait du bénéfice de la procédure de dispense d’avance des frais.

En outre, les organismes peuvent demander au fournisseur défaillant le reversement des sommes indûment perçues. (…) « .

Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

Le Président,                      Le Vice-Président,

Gilles LEBLANC                Jean-Jacques VIVET

Chauchettes d’archiducheche chèches et autres bidouillages : les décalages fréquentiels sont-ils utiles aux frenchies ?

J’avais déjà abordé ce sujet dans un ancien billet. L’éventualité d’avoir à apporter la preuve de l’efficience d’un appareillage auditif n’est pas exclue dans le futur; de même que la justification du choix d’un modèle face à un financeur (les temps sont durs…). Il faudra donc peut être un jour démontrer l’efficacité des divers systèmes de décalages fréquentiels et d’argumenter nos choix prothétiques. Mais sans y être contraints par qui que ce soit, nous pouvons (simple curiosité) avoir envie de constater l’efficacité de ces systèmes, ou de les démontrer à nos patients.

J’avais déjà abordé ce sujet dans un ancien billet. L’éventualité d’avoir à apporter la preuve de l’efficience d’un appareillage auditif n’est pas exclue dans le futur; de même que la justification du choix d’un modèle face à un financeur (les temps sont durs…). Il faudra donc peut être un jour démontrer l’efficacité des divers systèmes de décalages fréquentiels et d’argumenter nos choix prothétiques. Mais sans y être contraints par qui que ce soit, nous pouvons (simple curiosité) avoir envie de constater l’efficacité de ces systèmes, ou de les démontrer à nos patients.

DSLi/o (laboratoire d’audiologie de l’UWO pour University of Western Ontario), a créé récemment dans ce but des fichiers sons permettant de mesurer l’efficacité des différents systèmes de décalages fréquentiels (transposition, duplication, compression fréquentielle).

Il s’agit de signaux sonores reproduisant le phonème /s/ et /sh/(anglais) ou /ch/(français) noté /∫/ en alphabet phonétique international. Le /∫/ présente un pôle de bruit constant dans la zone 2000-8000Hz; le /s/ présente un pôle de bruit constant dans la zone 4500-10000Hz.

Ces signaux ont été créés à partir de l’ISTS, par extraction des zones fréquentielles respectives du /s/ et du /∫/ dans le signal d’origine, puis filtrage d’un bruit blanc par un filtre issu de ces zones fréquentielle :

ISTS_SH_S

Si vous regardez les spectres de ces fichiers, vous constaterez que ces phonèmes ont un facteur de crête très faible (normal pour ces phonèmes), et qu’en conséquence leur niveau moyen dans les aigus coïncide avec le percentile 99 de l’ISTS dans les zones fréquentielles concernées. C’est un bruit constant, avec les précautions d’usage qui s’imposent avec ce genre de signal.

Hélas, les fichiers .wav mis à disposition par DSL sur leur site (voir lien en début de ce billet), ne sont pas utilisables par les chaînes de mesure distribuées en France, pour des raisons de fréquence d’échantillonnage : ils ont été créés pour la Verifit 2 d’Audioscan.

Mais la maison GENY-DELERCE-MICHEL, qui ne recule devant aucun sacrifice, a créé une StartUp domiciliée au Panama, et alimentée à hauteur de 153,4 millions de dollars par un fonds de pension de retraités de Floride. Et donc :

  • vous les offre en cadeau Bonux et téléchargement dans une fréquence d’échantillonnage adaptée aux chaînes de mesure les plus distribuées chez nous !! Ce sont les deux fichiers NBN S.wav et NBN SH.wav
  • en deuxième cadeau Bonux, avec les 47 millions de $ qui nous restaient, et avant que le fisc nous tombe dessus, vous a créé à partir du spectre des deux fichiers précédents, deux ISTS filtrés : ISTS_SH.wav et ISTS_S.wav. Pour cela, NBN S et NBN SH ont été analysés, et un filtre a été créé correspondant à leurs spectres. Puis ces filtres ont été appliqués à l’ISTS pour créer deux fichiers distincts. Why ? (comme on dirait dans la langue du secoueur d’épieu…..) Parce qu’il est probable que certaines aides auditives prennent les deux premiers signaux comme du bruit. Je vous laisse apprécier le risque, j’attends vos retours, mais vous aurez mon avis sur la question en lisant un peu plus loin… Voici l’analyse spectrale et percentile (puisqu’ils ont une dynamique) de ces signaux maison:

ISTS_filt_SH-S

Vous l’avez compris : dans les deux cas (ISTS filtré ou « bruit phonémique »), on va utiliser le principe de la « zone fréquentielle tronquée » qui va servir de zone « réceptacle » afin de visualiser l’énergie transposée/compressée/dupliquée. Il est donc facile, en deux mesures « décalage pas activé »/ »activé », de vérifier et régler l’effet d’un décalage fréquentiel.

Niveaux d’émission du /∫/ et du /s/ :

En analysant l’ISTS, on peut extraire le /∫/ et le /s/ à respectivement 8,74  et 12,65 secondes du début du signal. On obtient ces niveaux :

CH12_65_S8_74_ISTS

  • Pour le  /∫/ :
  • Pour le /s/ (plusieurs segments mis bout à bout = cigale, peuchère !) :

Le niveau est légèrement plus important pour le /∫/ que le /s/, mais la Sonie est nettement plus importante pour le /∫/, de bande passante plus large.

Précautions d’emploi :

  • Pour arriver au « niveau équivalent de crête » des spectres des fichiers NBN S.wav et NBN SH.wav par rapport à l’ISTS, il ne faudra pas émettre en MIV ces signaux à 65dB SPL, mais :
    • pour le /∫/, 65dB SPL – 6dB = 59dB SPL
    • pour le /s/, 65dB SPL – 10dB = 55dB SPL
  • Pour les fichiers ISTS_S.wav et ISTS_SH.wav, le niveau d’émission « équivalent voix moyenne » sera :
    • pour le /∫/, 65dB SPL – 15dB = 50dB SPL
    • pour le /s/, 65dB SPL – 15dB = 50dB SPL

Vous pouvez enregistrer NBN S.wav, NBN SH.wav, ISTS_S.wav et ISTS_SH.wav dans vos dossiers de fichiers sons REM ad hoc selon votre configuration matérielle, télécharger les tests suivants prédéfinis pour Affinity ou FreeFit, et techter tout cha ! Attention, tests basés sur une audiométrie obtenue aux inserts (à modifier si vous travaillez au casque).

Où enregistrer ces fichiers sons dans vos PC ?

  • Pour Freefit, dans ce dossier :

Chemin Freefit

  • Pour Affinity, dans ce dossier :

Chemin AffinityAttention pour Affinity, le dossier Windows « ProgramData » est un dossier caché. Il faut autoriser Windows dans certains cas à afficher ces dossiers cachés. Penser également à demander à Affinity à rechercher ces nouveaux fichiers dans le répertoire REMSoundFiles.

Questions pratiques

  • DSL fournit un document très exhaustif, à la base pour l’adaptation pédiatrique, mais dont les pages 44 à 62 détaillent l’utilisation de ces signaux en pratique quotidienne.
  • Utiliser plutôt le test REM avec les fichiers bruités de DSL ou l’ISTS filtré ? Pour avoir testé les premiers (de DSL), vous constaterez peut être comme moi que le gain, après quelques secondes d’émission, se met radicalement à diminuer : c’est bien du bruit… C’est pourquoi, sans être présomptueux, je trouve plus intéressant d’utiliser les deux fichiers d’ISTS filtrés par la maison !
  • Le fichier ISTS_S.wav émis à 45dB SPL est-il trop faible ? Vous serez peut être surpris de la faiblesse d’émission (surtout ISTS_S.wav), mais pédagogiquement, il est très intéressant de se rendre compte du très faible niveau du /s/ dans la réalité (45dB SPL). Le /∫/ est moins surprenant. C’est également là que l’on se rend compte du côté un peu illusoire de la perception à 6kHz, même avec une transposition fréquentielle !
  • Freefit permet-il d’utiliser ces fichiers dans PMM « Réponse Avec Aide Auditive » ? Non, ces signaux n’apparaîtront pas dans la liste des signaux de test disponibles. Il faut utiliser le mode « Freestyle » pour y avoir accès dans la banque de données de signaux.
  • Ces signaux sont-ils disponibles d’origine sur les chaînes de mesure ? Pour être précis, les deux fichiers « bruités » de DSL NBN S et NBN SH seront présents dans l’Affinity version 2.8 à partir de juin 2016. Dans Freefit, ils sont déjà présents sous les noms Ling6 S et Ling6 SH. Les fichiers ISTS_S et ISTS_SH, eux, n’existent nulle part : exclusivité du blog !

Exemple

Voici un patient pour qui le seuil à 6kHz en dB SPL au tympan ne permet pas la perception du /s/ (courbe rose-violet). L’activation d’une duplication fréquentielle ici (Bernafon Saphira 5 CPx) permet de visualiser le décalage apporté à la zone 6kHz : la perception devient possible (à défaut d’être souhaitable…).

Dupli_S

On s’aperçoit également que cette duplication est proposée par défaut à un niveau « moyen » par le logiciel, et qu’elle est peut être un peu forte, car supérieure en intensité à la zone d’origine. Un réglage plus léger sera peut être mieux supporté (mais le patient ici vit très bien avec ce réglage depuis maintenant un an).

Conclusion

A l’usage, je pense que le fichier /∫/ est peu utile; on est encore dans la bande passante « utile » de l’appareillage. Le cas de /s/ est plus intéressant pour diverses raisons :

  • le fichier NBN S.wav s’avère quasiment inutilisable chez certains fabricants, le gain lors de l’émission diminuant drastiquement
  • Si on utilise ISTS_S.wav, la mesure devient possible, mais on s’aperçoit qu’il est illusoire de faire percevoir ce phonème dans une grande majorité des cas (surdité trop importante dans la zone d’émission et la zone adjacente)
  • Toujours en utilisant le signal ISTS_S.wav, le niveau d’émission est plutôt faible, et on est en permanence en limite de point d’expansion chez certains fabricants. Vous serez peut être surpris de voir que quelques aides auditives n’appliquent aucun gain à ce signal (la majeure partie du temps sous le point d’expansion), ou des variations de gain « explosives » (à des moments au dessus du point d’expansion, à d’autres en dessous), ou une amplification normale (le signal est en permanence au dessus du point d’expansion, réglé assez bas). Ce phénomène avait été décrit sur le blog Starkey à la suite d’un article de 2009 de Brennan et Souza (la figure 6 montre bien l’effacement de la consonne par la hauteur croissante du point d’expansion).

Bref, pour nous français, chez qui le pluriel et le possessif sont muets, la perception du /s/ n’a pas la même importance que chez les anglo-saxons, puisque l’article donne le plus souvent l’indication d’un pluriel, la suppléance mentale faisant le reste. De plus, toujours pour le /s/, son identification n’est pas du tout la même s’il est en dernier phonème d’un mot (le pluriel anglais) ou au milieu d’un mot. Dans ce dernier cas, sa perception sera facilitée par les transitions formantiques, rendant inutile un décalage fréquentiel.

Le décalage fréquentiel serait-il un réglage adapté aux anglo-saxons en priorité ? Allez savoir…

Bons tests aux plus téméraires !