L’audiométrie en dB SPL avec AURICAL

Une fonction méconnue ou peu utilisée de la chaîne de mesure Aurical est la possibilité de mesure des seuils en dB SPL par l’intermédiaire du casque ME intra (Madsen Ecouteur intra), livré de série avec la chaîne de mesure. Cette mesure, sur Aurical en particulier, est différente des autres matériels car la calibration en dB SPL n’est pas effectuée une fois pour toutes, mais dans le conduit auditif de chaque patient, de façon automatisée et très simple.

Une fonction méconnue ou peu utilisée de la chaîne de mesure Aurical est la possibilité de mesure des seuils en dB SPL par l’intermédiaire du casque ME intra (Madsen Ecouteur intra), livré de série avec la chaîne de mesure. Cette mesure, sur Aurical en particulier, est différente des autres matériels car la calibration en dB SPL n’est pas effectuée une fois pour toutes, mais dans le conduit auditif de chaque patient, de façon automatisée et très simple.

Le matériel:

Photo ME intra

Pourquoi effectuer une mesure audiométrique en dB SPL?

  • dans le but d’effectuer un SPL-o-gramme (audiogramme en dB SPL) qui sera utilisable tel quel (sans conversions) lors des mesures de niveau de sortie in-vivo.
  • surtout: parce que chaque mesure est précédée d’une calibration dans le conduit auditif du patient. Elle prend donc en compte les caractéristiques acoustiques propres au volume résiduel de chaque conduit auditif.

Ce dernier point est important, car l’utilisation des courbes audiométriques ainsi obtenues dans les logiciels fabricants, incluant de fait une pondération de « type RECD », génère moins d’écarts in-vivo entre le niveau affiché (logiciels de réglages) et le niveau réel dans l’oreille.

Avant toute chose, il faut calibrer les sondes des micros (le tube le plus fin des deux). Cette opération se fera une fois pour toute et restera enregistrée dans Aurical. On accède à cette étape par le menu « Mode test » –> « Calibration tube »

Calibration tubes SPL pour audiométrie ME-intra Aurical

Placer les sondes devant les micros de référence (comme pour une calibration de mesure in-vivo), sélectionnez le haut-parleur interne en sortie (c’est celui du caisson de mesures HIT), placez le casque porte-sondes à 30cm du HP et lancez la calibration. Répétez l’opération pour l’autre côté. A la fin, remontez les sondes sur le porte-sonde en plastique du ME-intra.

Je vous conseillerais de repérer un ME-intra pour l’OD et un pour l’OG, la calibration n’étant peut-être pas exactement identique (au 1/4 de dB, certes…).

Etape mesure dans le conduit:

Après otoscopie, sélectionnez un embout en silicone le plus proche possible du diamètre du CAE du patient, mais pas trop petit (voir plus bas les problèmes dans les basses fréquences). Insérez le au bout du porte-embout (photo plus haut) en veillant à ce que l’extrémité métallique du micro (le plus petit diamètre) soit de 0 à 1mm au-delà de l’embout silicone de tympano.

Une fois bien en place dans les conduits, il reste à effectuer la calibration SPL de chaque sonde.

En quoi consiste la calibration SPL?

Le casque-sonde SPL que porte le patient a deux fonctions: émission du signal par un écouteur intégré (calibré une fois pour toutes) dans le conduit auditif et mesure simultanée de ce niveau d’émission dans le conduit auditif par microphone sonde (du même type que le microphone sonde in-vivo).

Cette calibration est donc un peu l’équivalent d’une mesure RECD (mais pas exactement). Elle mesure l’écart entre le niveau sonore émis dans le conduit bouché, niveau qui est connu, et le niveau sonore atteint dans la cavité résiduelle du conduit, qui dépendra de son volume et autres facteurs acoustiques…

La procédure de calibration est automatisée et dure quelques secondes pour chaque oreille. On clique sur l’icone « SPL »:

Calibration SPL ME intra

Comment se fait la lecture des seuils ainsi obtenus?

L’audiométrie en dB SPL se lit sur un graphique inversé par rapport à celui de l’audiométrie HL:

Audiométrie SPL

L’avantage étant de récupérer directement les seuils obtenus dans le module in-vivo (ici l’oreille gauche):

SPL in-vivo

On notera la possibilité de transformation en dB HL, sur un graphique « standard », des courbes SPL mesurées, pour des comptes-rendus par exemple.

Il est également possible d’effectuer l’audiométrie SPL avec les embouts du patient. Dans ce cas la procédure de mise en place est un peu plus complexe: l’écouteur du casque est relié au tube de l’embout et la sonde du micro est placée comme pour une mesure in-vivo, au-delà de l’embout. Avantages: la prise en compte de la cavité résiduelle réelle ainsi que des facteurs acoustiques propres à l’embout (évent ou effet d’évent). Inconvénients: une procédure plus lourde matériellement à mettre en place, qui rentre en concurrence avec la mesure in-vivo sans en avoir tous les avantages, la quasi-impossibilité de calibrer à 125 et 250Hz, voire 500Hz.

Quels sont les inconvénients de l’audiométrie SPL par les ME intras?

Ils sont plutôt d’ordre pratique car la mesure en dB SPL avec calibration dans le conduit a beaucoup d’avantages audiologiques. On notera:

  • une occlusion du conduit par les embouts en silicone qui devra être parfaite, sous peine de ne pas pouvoir calibrer aux fréquences les plus basses (125 et 250Hz).
  • quelques difficultés de mise en place des embouts dans les conduits très sinueux, leur extrémité se retrouvant alors dans un coude.
  • une dynamique du tranducteur de sortie (la partie écouteur du casque de mesure SPL) assez réduite, ce qui limite son usage pour des mesures au-delà de 100dB SPL (mesures d’inconfort), contrairement aux casques circum-auriculaires.
  • la présence de cérumen pouvant être gênante lorsqu’elle est face aux sondes.
  • une calibration qui se fait conduit fermé et qui ne reproduira pas exactement les caractéristiques acoustiques d’un appareillage ventilé.

Loin d’une utilité anecdotique, la mesure des seuils en dB SPL par Aurical est très simple à réaliser, rapide, et précise par la prise en compte des caractéristiques acoustiques propres à chaque conduit occlus. Ce n’est pas une technique de « laboratoire de recherche hyper technique »!

Si l’on ne souhaite/peut pas réaliser de mesure in-vivo, la pratique de l’audiométrie SPL minimise les écarts quelques fois constatés entre les niveaux « logiciels » et les niveaux réels in-vivo.

Une dernière chose très importante: si vous choisissez de mesurer les seuils en dB SPL (et vous avez raison!), il faut en informer les logiciels fabricants, car ces derniers présume par défaut que votre audiométrie tonale provient du casque, en dB HL. Les corrections proposées pourraient être faussées. Par exemple pour Phonak et Unitron, c’est dans « préférences » « réglages » « calculs » et choix de l’audiométrie « SPL », chez Siemens and Co. il faut aller dans « Clinical Fit », chez Oticon il faut rentrer dans les réglages pédiatriques (interdit aux adultes?), etc… Mais ne vous inquiétez pas trop de ce point car Aurical effectue une conversion des seuils SPL en dB HL, mais qui doit tenir compte du volume résiduel dans lequel la mesure a été faite. Les logiciels récupèrent donc ces données sans problèmes mais certains vont directement les récupérer en dB SPL (les deux premiers cités), la classe…

Ca vous paraît long, compliqué, … il n’en est rien. On ne passe pas plus de temps à faire une audiométrie SPL qu’une audiométrie au casque, véridique!

A peu près la même chose in english.

Merci à « CG » pour ses remarques.

XD

Auteur : xavdelerce

Audioprothésiste D.E. membre de la SFA, membre du CNA, créateur du https://leblogaudiologie.com/

5 réflexions sur « L’audiométrie en dB SPL avec AURICAL »

  1. Non, je ne pense pas que ce soit l’équivalent d’une mesure REDD car le conduit est totalement fermé (pas totalement pour la REDD je crois). Je penche donc plus pour une mesure type RECD.
    Pour l’appareillage ouvert, se baser sur une audiométrie à conduit fermé (donc prenant en compte un RECD) me chiffonne un peu, car un CAE ouvert retrouve ses caractéristique de résonateur 1/4 d’onde. Sinon le MEintra est un super engin, vraiment!

  2. C’est ni plus ni moins que de la REDD avec des inserts finalement 😛 On mesure la pression acoustique au conduit pour obtenir nos dB SPL, chéris par… si peu de personnes.

    Je rebondis juste sur une petite chose : « une calibration qui se fait conduit fermé et qui ne reproduira pas exactement les caractéristiques acoustiques d’un appareillage ventilé. »

    Pourquoi affirmer que ceci est un point négatif ? Car je trouve qu’il en est mieux ainsi 😉

    Le but de l’audiométrie n’est-il pas de déterminer un seuil d’audibilité ? (C’est ça ou alors j’ai pas tout compris :P). Ce seuil d’audibilité est « absolu ». C’est-à-dire qu’une fois que le tympan se mange x Pascal, cela engendre une sensation auditive et le patient lève la main (on met de côté la variabilité des réponses ;)). Que l’appareillage soit ouvert, moyennement ouvert ou fermé, le tympan a toujours besoin de x Pascal (ou bien son équivalent en dB) pour que le patient obtienne une sensation.

    Y a plus qu’à passer en in-vivo après… Lors de laquelle on visualisera l’impact de l’aération sur la valeur du seuil auditif « absolu » (= sensation).

    Aviez-vous d’autres éléments en tête au moment d’écrire ceci ?

      1. Les inserts 3A et 5A sont des transducteurs audiométriques normalisés (norme ISO ou ANSI), dont on connait précisément le RETSPL (pour passer de SPL à HL dans le coupleur). Les EAR 3A sont le plus anciens, mais toujours très appréciés et vendus, les EAR 5A plus récents et pas forcément pratiques pour les audios désirant directement les brancher sur les tubes des embouts (ce que l’on fait rarement quand même).
        Le ME-intra est en fait une sorte de porte-sonde mis au point sur l’Aurical ancienne génération. Ce porte sonde se branche sur l’écouteur du casque in-vivo ET sur le micro de mesure du même casque. Donc en gros, on faisait l’audiométrie par l’écouteur du casque in-vivo, en dB HL et la sonde avait mesuré préalablement le niveau résultant SPL en fond de conduit du HL envoyé. On avait donc directement le SPLoGramme. Ca s’appelle une mesure REDD (on envoie du HL et on mesure directement du SPL en fond de conduit).

        1. J’ai oublié de préciser: le ME-intra n’a jamais été normalisé, son niveau de sortie assez limité, et donc n’a jamais été considéré comme un transducteur audiométrique.
          Par contre, Aurical donnait aussi la possibilité de faire la même mesure (REDD) avec un EAR 3A plus sonde in-vivo dans l’oreille pour la mesure du SPLoGramme. Et là c’était très intéressant…

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