Le Professeur LAFON a nommé une de ses quatre listes : la liste cochléaire.
Est-ce donc à dire qu’avec cette liste cochléaire, l’on teste la cochlée ?
Eh bien, oui !
« La mesure cochléaire renseigne sur les déformations acoustiques provoquées par la cochlée. »(1)
mais encore :
« La liste contient une série d’éléments de 17 mots, elle est destinée à mesurer les déformations apportées par les surdités. Elle doit donc représenter un large éventail phonétique, chaque élément de liste contient presque tous les phonèmes de la langue. »(2)
Lorsque le Professeur parle d’élément, c’est une des 20 colonnes de la liste cochléaire, chaque colonne/élément comportant 17 mots.
et aussi :
« … 17 mots de trois phonèmes dont la structure et la difficulté sont semblables d’un élément à l’autre. »(3)
On passe d’une liste à l’autre : le nombre d’erreurs phonétiques, à niveau d’émission égal, reste constant.
Formidable, non !
Tout audioprothésiste devrait les posséder.
Sans le CNA, les plus anciens se le rappelleront, nous en serions peut-être encore aux 3 CD diffusés par DAHLBERG dont un, celui de couleur violette, était consacré au test phonétique(4).Comme vous le voyez grâce à ce lien, la liste cochléaire qui se trouve sur le CD 1, comporte 20 éléments de 17 mots chacun.
Chaque mot étant composé de 3 phonèmes, vous avez 17(mots) x 3(phonèmes) = 51 erreurs phonétiques de possibles.
C’est pour cela que si vous savez compter jusqu’à 50…ce dont je ne doute pas

On arrondit à 50 au lieu de 51, ce qui permet de facilement passer à un pourcentage en multipliant par 2 le nombre d’erreurs phonétiques commises.Pour bien expliciter le comptage des erreurs phonétiques, prenons le deuxième mot de l’élément 1 de la liste cochléaire : « ride » soit /rid/ en transcription phonétique internationale(5).
Admettons que la personne ajoute quelque chose au mot mais que les 3 phonèmes soient toujours bien présents, il n’y aura aucune erreur phonétique de comptée. Exemple : « bride », « hagrid (

Admettons qu’au lieu de « ride », la personne réponde « ribe ». Seul le /d/ est transformé. Il n’y a donc qu’une seule erreur phonétique à comptabiliser.
Admettons qu’au lieu de « ride », la personne réponde « vive ». Le /r/ et le /d/ sont transformés. Il y a donc deux erreurs phonétiques à comptabiliser.
Admettons qu’au lieu de « ride », la personne dise « vube » ou ne réponde pas. Le /r/, le /i/ et le /d/ sont transformés ou ne sont pas répétés. Il y a donc trois erreurs phonétiques à comptabiliser.
On agit de même pour les 16 autres mots du premier élément.
On additionne, à la fin de l’élément, chaque nombre d’erreurs phonétiques commises sur chacun des 17 mots, admettons X. Ce total est donc du type X/50 soit 2X % d’erreurs phonétiques.
Pour ceux qui aiment parler d’intelligibilité, celle-ci sera égale à (100% – 2X%).
Le Professeur LAFON n’aimait pas trop parler d’intelligibilité, préférant parler de nombre d’erreurs phonétiques car « l’intelligibilité fait intervenir le sens donc un concept. »(6)
Le prochain article donnera des indications sur la manière d’utiliser cette liste cochléaire.
JYM
(1) Page 160 du livre du Professeur LAFON « Le test phonétique et la mesure de l’audition ».
(2) Page 127 du livre du Professeur LAFON « Le test phonétique et la mesure de l’audition ».
(3) Page 140 du livre du Professeur LAFON « Le test phonétique et la mesure de l’audition ».
(4) DAHLBERG « Le test phonétique » DAI 911 (1991).
Anecdote au sujet de la liste cochléaire contenue sur ce CD : le premier mot du premier élément n’est pas buée mais ride. Le mot buée se trouvant relégué entre le mot col et le mot fort. Interrogé à ce sujet, le Professeur LAFON m’avait répondu que c’était volontaire car beaucoup de personnes achoppaient sur le mot buée quand il était en tête de liste, ce qui pouvait fausser le résultat de cet élément. Ce qui n’était pas le cas si le mot ride était placé en tête de liste.
(5) Annexe V page 303 du Précis d’Audioprothèse Tome 1 « L’appareillage de l’adulte » édité par le Collège National d’Audioprothèse.
(6) Page 63 du livre du Professeur LAFON « Le test phonétique et la mesure de l’audition ».
Bonjour Adrich,
Merci pour la question.
Pour ma part, je compterais une erreur.
La personne a eu la sensation qu’entre le /d/ et le/i/ il y avait un /r/, ce qui est faux mais qui n’entraîne aucune erreur pour l’instant : c’est un ajout.
Par contre, elle n’a pas eu la sensation qu’après le /i/ il y avait autre chose. Donc cet oubli (du /r/ dans ce cas) doit faire compter une erreur.
On est finalement dans le cas où le mot à répéter serait « dime » et où la personne répète « dri »
JYM
J’espère avoir répondu à la question.
Bonjour,
Petite question au sujet du comptage des erreurs :
L’ordre de la répétition des phonèmes a-t-elle une importance ? Est ce juste si la personne répond « Dire » ou « Dri » ?
Intuitivement, j’aurai tendance à noter ça comme une erreur, car cela parait relever plutôt de la devinette que de la compréhension …
Merci !