Le vendredi 29 décembre 2017, vers 17 heures, ma femme est venue me voir pour me demander de lire un article sur le langage aperçu par elle sur LE FIGARO (1), paru le jour même, en me disant que cela devrait m’intéresser !
Il m’a tellement intéressé que je vous en retranscris un passage en remerciant LE FIGARO qui, j’espère, ne m’en voudra pas trop de ne pas lui avoir demandé son autorisation préalable.
J’ai pensé qu’ainsi, avec ce que dit Tom WOLFE, c’était bien commencer l’année et apporter encore une pierre à mon « édifice LAFONnien » !
LE FIGARO interroge l’écrivain Tom WOLFE qui vient de publier un livre intitulé « Le règne du langage » aux éditions Robert LAFFONT collection « Pavillons ».
… LE FIGARO : Dans votre dernier livre, Le Règne du langage, vous expliquez que c’est la langue qui fait spécificité de l’être humain. En quoi ?
Tom WOLFE : Il existe entre l’être humain et l’animal une différence essentielle, une ligne de démarcation aussi escarpée et inamovible qu’une faille géologique : la parole ! Le langage a donné à la « bête humaine » bien plus qu’un ingénieux outil de communication. C’est en réalité une innovation de la teneur de la bombe atomique ! La parole a été la toute première invention, le premier artéfact, la première fois où une créature terrestre, l’homme, a prélevé des éléments de la nature, en l’occurrence des sons, pour les transformer en quelque chose d’entièrement nouveau et façonné par lui, des enchaînements de sonorités qui formaient des codes, lesquels ont reçu le nom de « mots ».
Non seulement le langage est un outil mais c’est le premier d’entre tous, celui qui a rendu tous les autres possibles, de la plus sommaire des pioches à la première des massues jusqu’à la roue et à la fusée spatiale. Sans lui, pas de danse, pas de musique, pas même le fredonnement d’une ritournelle, le battement des tambours, pas de rythme d’aucune sorte ni de cadence pour taper dans les mains.
Bref, c’est le langage, et lui seul, qui a conféré à la « bête humaine » la force de conquérir chaque pouce de terre ferme sur cette planète et de se goinfrer de la moitié des ressources comestibles de l’océan. Et pourtant, cette mise en coupe réglée du globe terrestre n’est que le résultat mineur de la puissance des paroles : son principal exploit, c’est d’avoir créé l’égo, la conscience de soi. Seul le langage permet à l’homme de questionner son existence, de la poursuivre ou d’y renoncer.
Aucun animal ne pense à se suicider, ni à massacrer ses semblables à une vaste échelle. Seule la parole nous autorise à nous autoexaminer et à rendre la planète inhabitable juste comme ça, en l’espace de trente à quarante minutes nucléarisées…
JYM
(1) http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2017/12/29/31003-20171229ARTFIG00012-tom-wolfe-le-politiquement-correct-est-devenu-l-instrument-des-classes-dominantes.php
ou via
https://rutwi.info/article/395806
Bonne année 2018 à tous
Bonjour Xavier,
Comme toi, j’entends effectivement, par-ci par-là, certains dire que les animaux ont un langage.
Mais c’est à tort qu’ils emploient le mot langage, c’est un autre terme qu’il devrait utiliser.
On a vu que Tom WOLFE définit le langage comme étant uniquement humain.
Le Professeur LAFON le définit comme tel aussi en page 164 de son livre « Message et phonétique » : « La prothèse nous ramène à notre point de départ : l’homme. L’homme souffrant, dans le silence de l’un de ses sens, d’un isolement qui le prive de la seule valeur spécifiquement humaine, le langage ».
J’ajouterais bien, du même Professeur LAFON, en page 69 du même livre : « Lorsqu’une symbolisation est possible, on peut obtenir une réponse en écholalie, c’est celle du perroquet, ou une réponse organisée en fonction de la signification du message, c’est celle du chien obéissant à la voix et aux ordres de son maître. Mais, ni le chien, ni le perroquet, ne peuvent utiliser ces symboles pour construire de nouveaux concepts significatifs abstraits : nous sommes à la frontière de l’esprit humain »
Pour tenter de remporter la mise , je fais appel à un Académicien français, Pierre EMMANUEL, qui le définit comme tel aussi en page 22 de son livre « Le goût de l’Un » : « A trop parler – de tout et de rien – l’humanité désapprend le «dire», l’identité vécue de la parole et de la chose dite, de la chose dite et de l’esprit : la contention par quoi cet esprit incarné se révèle tout entier langage, et le monde avec lui. Cette contention est l’honneur de l’homme – le «saint langage» de Valéry -, et non la seule faculté de parler, qui n’est que le bruit particulier à notre espèce »
Je ne peux donc qu’être d’accord avec ces trois personnes : le langage est donc uniquement l’apanage de l’être humain.
Bonjour Jean-Yves,
L’être humain ne voit le monde que comme il est; en le comparant à lui, en se référençant à lui même…
Est-on sûr que le langage, la parole soit notre spécificité ? Dauphins, arbres, grands singes, corneilles, etc., beaucoup de publications, et de très beaux livres (ex : La vie secrète des arbres, de Peter Wohlleben), suggèrent qu’en dehors de l’homme, une autre forme de langage peut exister. Et même, dans certains cas, comme tu peux le dire, avec idée de se supprimer, ou de se sacrifier pour la survie des autres…
Donc prudence… Ce n’est pas parce que nous ne voyons pas, qu’il n’y a rien à voir… Nous ne savons pas voir en réalité, car nous ne savons pas abandonner nos préjugés, nos idées préconçues, notre connu.