LAFON 85 EN DIRECT DE 1994 (12)

Nous sommes fin mai 1994. Je suis tout heureux car j’ai réussi à obtenir du Professeur Jean-Claude LAFON qu’il intervienne durant deux jours au siège parisien de l’entreprise pour laquelle je travaille. Une petite dizaine d’Audioprothésistes est là pour l’écouter. J’enregistre ses paroles sur cassettes à bande magnétique. Ce que je vous propose en est une retranscription écrite, non in extenso car malheureusement certaines cassettes s’avéreront de mauvaise qualité et donc inaudibles à l’écoute. Je m’en veux encore !

Professeur Jean-Claude LAFON :

« Lecture labiale de l’entendant : les valeurs mesurées sont meilleures que les valeurs calculées. Pourcentage de lecture labiale = probabilité de 0.45 (45%) quand vous lui donnez des conditions normales de communication car normalement il lit sur les lèvres quand il est gêné pour comprendre. Il est en situation de gêne, donc il lit sur les lèvres et l’apport d’information en lecture labiale vient compléter ce qu’il a comme audition. Quand ce sujet devient sourd, à ce moment là la communication en lecture labiale devient normale progressivement et on retrouve ces valeurs là (0.45 = 45% soit environ 20 erreurs par liste en lecture labiale chez le sujet devenu sourd). Autrement dit, le devenu sourd n’a pas une meilleure lecture labiale que l’entendant, il sait simplement s’en servir alors que le sujet entendant ne sait pas s’en servir uniquement (seule). Des sujets entendants devenus sourds ayant une mauvaise lecture labiale resteront avec une mauvaise lecture labiale (on peut améliorer seulement le confort ou l’habitude d’utiliser la lecture labiale). Avec la rééducation on leur donne plus d’aisance, ils sont moins bloqués, ils utilisent au maximum leur lecture labiale. Des sourds congénitaux bien rééduqués peuvent avoir par la lecture labiale une conversation normale. A 10-12 ans on arrive au plafond de l’adulte. Quand vous apprenez la lecture labiale avec la parole, vous avez un très bon score. La discrimination auditive chez l’entendant, au point de vue phonétique, progresse jusqu’à 9 ans.

Listes d’intégration suivant l’âge : 3% d’erreurs à 11 ans. Pour le sujet normal, il progresse jusqu’à l’âge de 9 ans à peu près, après on peut dire que c’est stable. Si un sujet de 8 ans fait plus de 5% d’erreurs ça commence à ne pas être normal. Idem si un sujet de 6 ans fait plus de 7% d’erreurs. 95% des enfants font ce nombre là d’erreurs à 9 ans (3%). Pour apprendre à lire, il faut avoir une assez bonne discrimination phonétique. Il y a à peine 30% de sujets qui à 6 ans ont une discrimination phonétique identique à celle de l’adulte. Mais d’un autre côté, l’apprentissage de la lecture aide à la discrimination phonétique. Parce que quand ils apprennent à lire, ça précise les structures phonétiques et cela aide à mieux les reconnaître à l’oreille (comme dans tout apprentissage, quand vous avez plusieurs éléments d’information concordants, vous apprenez plus vite). Mesurer la difficulté dans le bruit revient à mesurer la limite de perception phonétique ».

 

JYM

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