Je viens donc de redécouvrir un texte qui devrait plaire à beaucoup d’entre nous. Ce texte s’intitule « le temps et l’oreille : dix sept vérités ». Il fait partie d’un recueil de 34 textes compilés par le Professeur J.C. LAFON, écrits par lui ou parfois en collaboration, édité par la Faculté Mixte de Médecine et de Pharmacie de Besançon, service d’Audiophonologie. Ce recueil se nomme « Échantillonnage de textes ». Il n’a pas de date d’édition, mais d’après les années données pour chacun des textes, j’en déduis qu’il n’a pas pu être édité avant 1992.
Ce thème « Le temps et l’oreille : dix sept vérités », page 71 à 87 du recueil, a été exposé par le Professeur J.C. LAFON à MADRID en novembre 1982. A noter qu’on peut le trouver, grâce au travail de synthèse de Monsieur Paul VEIT, dans les CAHIERS DE L’AUDITION Volume 11 de novembre/décembre 1998 N°6 pages 25 à 31. Monsieur Paul VEIT était un de nos remarquables aînés et ami du Professeur J.C LAFON.
Voici ce texte, vérité par vérité. Les parties soulignées le sont également dans le texte du Professeur J.C. LAFON :
« 4. L’analyse impulsionnelle définissant l’intervalle permet de réintroduire le temps dans l’étude de l’audition
Lorsqu’en 1956 je me suis intéressé à cet aspect de la fonction auditive, j’ai pensé étudier l’acoustique physiologique à partir d’un paramètre unitaire l’impulsion acoustique, variation brusque de pression. L’impulsion fait apparaître deux facteurs temporels. En principe elle est suffisamment courte pour que dans une première approximation son temps soit négligeable. On découvre alors le deuxième signal temporel : l’intervalle entre deux impulsions. L’intervalle c’est-à-dire le temps qui marque la successivité du signal impulsionnel. L’impulsion est un marqueur de temps. J’ai appelé le temps qui s’écoule ainsi le temps vide. »
Page 80, le Professeur J.C. LAFON a écrit en espagnol l’intitulé de cette VÉRITÉ N°4 : « El analisis impulsional que define al intervalo permite de volver » ainsi que le titre générique de son texte « El tiempo y el oído : 17 verdades ».
Remarque :
Lorsque le Professeur J.C. LAFON écrit « l’impulsion acoustique », c’est de l’impulsion laryngée dont il parle. A propos de cette impulsion laryngée et de son effet au travers des cavités qu’elle rencontre (pharynx, bouche, lèvres), voici quelques lignes extraites de la page 106 de son livre « Message et Phonétique » 1961 éditions Presses Universitaires de France :
» L’impulsion laryngée traverse le premier résonateur et y est modulée. La cavité effectue un filtrage des sons non amplifiés par la résonance, elle absorbe partiellement l’énergie par ses parois et la transmet aux os. L’impulsion modifiée est marquée par la forme du filtrage. Le résonateur donne après l’impulsion un écho correspondant à la zone fréquentielle de résonance, donc une persistance de la forme non filtrée.
Cette impulsion complexe arrive à la bouche où elle subit la même action de filtrage et de résonance. Les lèvres la laisse filtrer et se propager à l’extérieur.
En réalité, le larynx et les résonateurs ne sont pas indépendants, situés à la suite les uns des autres, ils sont tributaires de l’action acoustique des cavités voisines. En particulier, le régime du larynx dépend de l’état acoustique du pharynx et de ses ondes stationnaires.
L’impulsion recueillie à la sortie contient donc l’image acoustique des cavités de résonance, à partir de la forme acoustique que lui a donné le larynx. L’impulsion-voix met en relief les cavités-parole suivant ses qualités sonores. Il ne peut exister d’autre énergie que celle donnée par le larynx à l’impulsion.
L’oreille recevant ce message acoustique donne une forme modelée cochléaire qui est une image du timbre des résonateurs bucco-pharyngés.
Cette unité impulsionnelle de phonation contient en elle la structure acoustique complète des cavités. Elle concrétise la parole, elle est un support phonétique parfaitement valable.
Lorsqu’on analyse cette expression phonétique, on note la présence de zones de renforcement dans la décroissance exponentielle de l’impulsion. Chaque résonance est appelée un formant : c’est une zone fréquentielle renforcée par un résonateur, qui représente une image phonétique acoustique. Le formant est en rapport direct avec la forme anatomique attribuée au phonème par le locuteur. »
Vous allez sûrement relire ces phrases plusieurs fois.
Peut-être pour les trouver d’une banalité affligeante, peut-être pour les trouver géniales car elles répondent à une question que vous vous posez depuis longtemps.
A bientôt pour la VÉRITÉ N°5.
Permettez-moi de souhaiter à tous une excellente année 2016.
JYM