Avec cet article se termine l’évocation de l’AUDITION et du LANGAGE. J’espère vous avoir apporté sans vous avoir lassé.
Je transmets une information à ceux qui ont été véritablement intéressés par les 32 parutions précédentes, soit de « LAFON 41 AUDITION ET LANGAGE (1) » à « LAFON 72 AUDITION ET LANGAGE (32) » : l’UNSAF me donne la chance d’animer sur ce sujet l’Atelier N° 4 au Congrès des Audioprothésistes des 23 et 24 mars prochain.
Pour en revenir à « AUDITION ET LANGAGE », je vous propose donc de clôturer cette série de parutions par ce que le Professeur Jean-Claude LAFON disait en 1985 dans une émission télévisée (1).
Il y prouve la grandeur du travail de l’Audioprothésiste, du tout petit jusqu’à la personne âgée.
Interrogé par une personne (que je nommerai Q comme questionneur), le Professeur J.C.LAFON (que je nommerai Pr) répond :
. » Q : Une fois que le langage est acquis, c’est définitif. Une acquisition pour toujours
. Pr : Non, pas du tout.
Le langage doit être entretenu pour persister, comme la parole d’ailleurs.
Il faut parler, il faut écouter pour garder son acquis.
L’acquis se perd progressivement.
. Q : Donc dans les surdités acquises, il faut faire très attention.
. Pr : Ah ! surtout d’abord à la parole.
C’est la première chose qui commence à disparaître ou à se détériorer.
La parole devient plus rapide, la mélodie n’est plus très bonne, l’articulation, on parle au rythme de sa pensée.
Autrement dit l’articulation devient plus floue, plus estompée et donc est moins intelligible.
Le langage moins, parce que la surdité acquise, en tout cas chez l’adulte, a la possibilité de lire et donc d’avoir un contact avec la langue donc de garder, à travers la lecture, les acquis de langage qu’il n’a plus aussi bien à travers son audition.
. Q : C’est la parole donc qui risque d’être abîmée.
. Pr : La parole oui plutôt. La parole plutôt.
Par contre, chez les personnes âgées où il y a un problème de langage, parce que le langage se détériore progressivement avec l’âge, c’est inéluctable, cela fait partie de la vie et de la sénescence et du vieillissement : si on n’entretient pas un niveau de langage, on n’arrive plus à récupérer ce niveau là parce que l’apprentissage chez les personnes âgées est très difficile.
On ne réapprend pas un langage qu’on a perdu.
Et il faut donc faire très attention chez les personnes âgées de socialiser la personne.
C’est-à-dire, dès qu’elle commence à être à-part, à s’écarter du groupe familial, à quitter les discussions : il faut, à ce moment là veiller, d’une part à son niveau de langage, d’autre part à son audition, l’audition qui est la clé de la communication, donc la clé du développement du langage.
Il faut appareiller précocement les personnes âgées.
C’est assez curieux de voir qu’on retrouve chez le vieillard ce qu’on a chez le nourrisson.
On appareille le nourrisson pour qu’il ait accès au langage et qu’il construise son langage avec des traits acoustiques.
Et chez le vieillard, on appareille précocement de la même façon, pour son langage, pour sa communication. »
En fait, ces dernières paroles du Professeur Jean-Claude LAFON sont un véritable hymne à la profession d’Audioprothésiste.
JYM
(1) Cette vidéo se trouve encore sur le site de l’I.N.A. (Institut National de l’Audiovisuel), on peut la télécharger pour 2.99 euros. Le titre de l’émission est : ENTENDRE