LAFON 79 EN DIRECT DE 1994 (7)

Nous sommes fin mai 1994. Je suis tout heureux car j’ai réussi à obtenir du Professeur Jean-Claude LAFON qu’il intervienne durant deux jours au siège parisien de l’entreprise pour laquelle je travaille. Une petite dizaine d’Audioprothésistes est là pour l’écouter. J’enregistre ses paroles sur cassettes à bande magnétique. Ce que je vous propose en est une retranscription écrite, non in extenso car malheureusement certaines cassettes s’avéreront de mauvaise qualité et donc inaudibles à l’écoute. Je m’en veux encore !

Professeur Jean-Claude LAFON :

« Quel est le rôle des différentes perceptions sensorielles dans la construction des formes, la mémorisation des formes ? Etude faite sur des enfants de 3 à 7 ans sourds profonds et un groupe d’enfant entendant de référence dans le reconnaissance des rythmes (le Professeur J.C. LAFON tape à nouveau sur la table, chaque coup étant séparé de l’autre par un espace) avec des espaces courts et des espaces longs organisés suivant des formes simples (d’abord un espace court ensuite deux espaces courts puis deux longs, un long/deux courts etc…). On demande au sujet de reproduire. On a pris des 250 Hz à 110-120 dB, on le fait aussi en visuel, on le fait en tactile (250 Hz aussi) avec un vibrateur et en symbolique aussi (sur du papier on représente les espaces et l’enfant doit transposer le symbole en rythme). Les formes les mieux perçues sont celles où tout est court ou tout est long.

A l’audition : quand il y a 50% de réussite chez l’entendant, il y a 15% de réussite chez les sourds. Chez les plus âgés 90% chez l’entendant, 70% chez les sourds. Même avec les sourds les plus âgés on n’obtient pas la réussite de l’entendant.

Ceci montre que la perception des rythmes n’est donc pas un problème de voies sensorielles mais un problème de connaissance de la structure rythmique. L’image mentale de la structure rythmique est mal construite chez les sourds puisque le rythme est essentiellement acoustique, donc auditif. Quelque soit la voie sensorielle on retrouve ce défaut.

C’est le même problème avec la parole. Les scores obtenus appareils + lecture labiale sont moins bons que lecture labiale seule. L’auditif vient perturber ce qui est reconnu par voie visuelle. Même chose chez les vieilles otospongioses de l’adulte. L’information inhabituelle (auditive) vient, comme du bruit, perturber la reconnaissance qu’il avait des formes visuelles. Les voies sensorielles servent à construire l’image mentale mais en fait une image mentale n’est pas dépendante totalement des voies sensorielles. »

 

JYM

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