Je discutais il y a quelques temps avec un éminent représentant des fournisseurs (il se reconnaîtra ! ;-)), au sujet des aides à l’écoute. Et il remarquait (à juste titre ?) que les aides à l’écoute (Octave & Co.) pouvaient être une menace pour le marché de l’audioprothèse. En effet, le trouble pourrait s’emparer des clients/patients et futurs appareillés : en effet, à quoi bon acheter une aide auditive (chère !) chez l’audioprothésiste alors que le pharmacien du coin m’en vend une, 5 fois moins cher (bon, il n’est pas réglable, il n’y pas de prise en charge, il n’y a pas de suivi… mais bon !). Encore une fois, l’audioprothèse est « audioprothésiste-dépendant », mais cette dimension n’est perceptible qu’une fois l’aide auditive acquise…
Ce constat fait, il est certain que ces « bidules » prendront une part de marché à l’audioprothèse (4/5 % au pire), mais provoquera surtout un effondrement de l’image de qualité de l’aide auditive. Un travail de longue haleine qui va être gâché en quelques mois. Il ne faut pas se tromper, le concepteur de cette aide à l’écoute propose un produit qui se pose en concurrence directe avec les aides auditives : la forme, le packaging, le positionnement… tout est fait pour rappeler l’aide auditive. il n’y a que le nom qui change…
Que dira le malentendant quand l’appareil se mettra à siffler tout le temps, quand il sera bouché au niveau du microphone… Encore une fois, on essaye de nous faire croire que la notion de conseils, d’accompagnement du malentendant, d’éducation prothétique ne peut que se réduite à une page web. A l’heure du principe de précaution et de la réduction de tous les risques, je ne comprends pas qu’un étiquetage ne soit pas apposé sur la boîte pour annoncer que ceci n’est pas une aide auditive !
Bref, l’avenir nous dira la pénétration de ce type de produit sur le marché de l’aide auditive.
Comme le dit si bien l’adage populaire : derrière chaque menace, se cache une opportunité… Alors, comment lutter ? Tout simplement, en augmentant encore et toujours notre niveau de compétences et de professionnalisme !
SG
j’ajoute un deuxieme commentaire relatif à l’augmentation de notre « niveau de compétence et professionnalisme » :
Avant de l’augmenter, il serait déja utile simplement de rappeler qu’une aide auditive nécessite un travail d’adaptation et de suivi.
Tous les débats actuels sur le prix oublient systématiquement cette donnée.
Pour ce qui est des oreillettes vendues en l’état par les pharmaciens et autres proffessionnels ils ne vendent qu’un produit sans service.
Pour ce qui est des réseaux qui se mettent en placent prétendant baisser les prix en augmentant le volume ils oublient que pour faire du « volume » il faut du temps or je ne vois pas beaucoup d’audioprothésistes tourner en rond entre deux patients.
Nos carnets de rendez-vous sont remplis ! On trouve de la place pour tout le monde mais on revoit les gens très souvent et pendant de très longues années.
Donc si on veut vendre plus d’appareils il faut :
* soit augmenter le temps de présence de l’audioprothésiste (cela a un coût, ca ne fait pas baisser le prix des appareils)
* soit déleguer une partie du travail à un personnel moins qualifié et moins bien rémunéré (l’économie n’est pas grande et la qualité de la prestation moindre)
* soit diminuer le temps passé par l’audioprothésiste auprès du patient en diminuant la durée de vie de l’appareil ou en diminuant le nombre de contrôles et/ou la durée des rendez-vous. C’est à dire en baissant le service !
Peut-être souhaite-t-on parvenir à des ventes à deux niveaux : vente de l’appareil en l’état sans prestation d’un coté ou vente avec prestation de l’autre.
La vente de la prestation seule ne me parait en revanche pas possible : qui irait proposer cela ? (exemple : alors qu’on peut acheter des fenetres seules chez brico dépot, on ne peut pas acheter la pose seule par un vrai menuisier : il vend fenetre + pose et respecte des normes et une garantie décenale).
Je préfère rester dans le camp de la vente avec prestation (d’ailleurs c’est une obligation légale pour l’instant), plus intéressante pour la profession et nettement plus qualitative pour le patient.
Donc avant d’augmenter notre professionalisme, il faudrait déja que les pouvoirs publics, assureurs, medias et même patients en prennent conscience. ce n’est pas en communiquant sur des prix et remises qu’on fait avancer le débat.
Salut Brice, je suis d’accord avec toi !
Amusant cette phrase : « je ne comprends pas qu’une étiquette ne soit pas apposé annonçant qu’il ne s’agit pas d’une aide auditive ».
Cela prouve bien l’ambiguité -volontaire- de la communication !
Tous ceux qui la lisent (et apparemment même certains audioprothésistes) pensent qu’il est vraiment présenté comme un appareil auditif.
Le mot « assistant d’écoute » ne le sort pas du champ de l’aide aux déficients auditifs.
Et pourtant le fabricant plaide partout auprès des professionnels et pouvoir public qu’il ne s’agit pas d’un appareil auditif (ou d’une prothèse auditive ou d’une aide auditive) mais d’un assistant d’écoute.
Pourquoi ce double langage ? Simplement parce que vendre un appareil auditif est un acte réservé à l’audioprothésiste (diplomé) dans des conditions d’exercice très reglementées.
Donc si cet « assistant d’écoute » est un appareil auditif, celui qui le vend est hors la loi s’il n’est pas audioprothésiste !!!
Lorsque je vendrai des molécules chimiques en comprimés dans des boites en carton en indiquant qu’il s’agit « d’assistants du métabolisme », je pense que les pharmaciens seront les premiers à monter au créneau….
et pourtant avec les « compléments alimentaires » la frontière est mince aussi.
Pour revenir au vif du sujet, la question n’est même pas celle du vocabulaire utilisé mais de savoir quel est le but de cet appareil.
S’il sert à améliorer l’audition des malentendants, il s’agit bien d’un acte et d’un produit qui doit être soumis aux memes réglementations c’est à dire controlé et adapté par un professionnel compétent sur prescription médicale.